+-------------------------------------------+ | Aux associations et collectifs solidaires | | de l'Espace Autogéré des Tanneries | +-------------------------------------------+ Bonjour, Nous vous contactons aujourd'hui parce que nous pensons que votre association ou collectif fait partie des diverses structures militantes et/ou culturelles qui peuvent être sensible à la démarche de l'Espace Autogéré des Tanneries qui, comme vous le savez peut-être est actuellement menacé d'expulsion par les projets de la Mairie de Dijon [1]. Parmi diverses autres initiatives et actions de résistance, nous avons, avec le conseil de diverses structures solidaires, écrit une lettre ouverte à l'intention du Maire de Dijon. Nous espérons voir cette lettre co-signée par de nombreux collectifs et associations afin de leur démontrer une nouvelle fois la solidarité dont nous pouvons bénéficier. Nous vous invitons donc à nous dire si vous souhaitez co-signer ce texte (que vous trouverez en fin de ce mail). Si c'est le cas, le mieux est d'envoyer un courrier de votre part, reprenant ce texte, à la Mairie de Dijon. Vous pouvez également en trouver une version mise en page [2] et modifiable [3] sur notre site. Il est possible aussi de renvoyer ce courrier par mail, mais comme ils ont apparemment déjà reçu des mails de centaines de personnes en soutien ces dernières semaines, il est possible que cela ait moins d'impact maintenant que par courrier postal. Vous pouvez évidemment aussi inclure dans ce courrier quelques mots sur l'activité et l'existence de votre structure. Nous vous demandons par ailleurs de nous faire part de votre éventuel soutien et volonté de co-signer cette lettre à l'adresse tanneries at squat.net, afin que nous puissions regrouper les signatures de collectifs. Nous souhaitons en effet faire une action visibilisant ce soutien militant et associatif une fois que nous aurons accumulé un certain nombre de réponses. Des critiques et points de débat sur ce texte nous intéressent fortement aussi. Merci de votre attention et à bientôt dans cette lutte et dans d'autres. -- le collectif de l'Espace Autogéré des Tanneries [1] http://squat.net/tanneries/#generale-de-sante-1 [2] http://squat.net/tanneries/documents/Tanneries_-_Lettre_de_soutien-20070423.pdf [3] http://squat.net/tanneries/documents/Tanneries_-_Lettre_de_soutien-20070423.rtf ------------------------------------------------------------------------ M. le maire François Rebsamen Mairie de Dijon Place de la liberté 21000 Dijon Monsieur le Maire de Dijon, Sans consultation publique, la mairie de Dijon s'apprête à prendre des décisions qui pourraient mener à la fin de l'Espace Autogéré des Tanneries, lieu autonome d'activités culturelles, sociales et politiques ouvert en 1997 à la suite d'une occupation de locaux laissés à l'abandon par la Mairie de Dijon. Suite à quelques années de lutte contre des menaces d'expulsion, le lieu bénéficiait depuis 2002 d'une convention d'occupation gratuite. Pourtant la Mairie a récemment fait des propositions à la Générale de Santé, premier trust hospitalier en France, contrôlé par des fonds de pension et ayant réalisé la moitié de ses bénéfices en 2006 sur des opérations de spéculation immobilière. Les négociations en cours pourraient aboutir à octroyer à cette multinationale l'ensemble des terrains dont les « Tanneries » occupent une parcelle, afin qu'elle y construise un mégapôle hospitalier privé de dix hectares, et ce en fermant les quatre cliniques qu'elle détient actuellement dans l'agglomération. Nous pensons que la Mairie de Dijon devrait revenir sur ses propositions et affirmons aux cotés du collectif des « Tanneries » qu'après dix ans d'activités et de travaux, cet espace autogéré ne doit pas être déplacé ni dépecé. L'Espace Autogéré des Tanneries est en effet installé sur un espace restreint en périphérie d'un terrain immense sur lequel divers projets d'urbanisme sont possibles. Si un nouvel aménagement du quartier se concrétise, nous souhaitons qu'y demeure ce que les collectifs impliqués aux « Tanneries » y ont construit : les structures et le projet dans sa globalité. Ce n'est manifestement pas impossible vu la taille de l'espace disponible, et avec une volonté politique en ce sens, le maintien des Tanneries peut aller de pair avec d'autres plans d'aménagements. Pourquoi avons-nous choisi de soutenir l'Espace Autogéré des Tanneries ? Les « Tanneries », c'est une salle de spectacle, un collectif d'habitation, un espace d'informatique populaire, de développement des logiciels libres et de maintenance de serveurs indépendants, une zone de gratuité, un espace mécanique et vélo, des locaux de répétition et de sérigraphie, une salle de réunion, un potager, un centre de diffusion et de création de presse alternative, un centre d'aide juridique et pratique aux occupant·e·s sans droits ni titre et mal-logé·e·s, une bibliothèque, des chantiers d'auto-construction écologique, des dizaines d'associations, collectifs, réseaux locaux et internationaux qui viennent y organiser des soirées, actions, ateliers et échanges de savoirs, des réunions et des projets... Alors que le fonctionnement de nombreux lieux culturels publics est dépendant des politiques institutionnelles et les espaces privés du commerce et des sponsors, il y a aux « Tanneries » des centaines de personnes qui, chaque semaine, viennent faire vivre une culture indépendante et participer à des activités accessibles gratuitement ou sur la base de participations aux frais. Pour garantir sa liberté, le lieu a toujours fonctionné sans subventions ni salariat. Dans un pays où les structures autogérées sont quasi systématiquement réprimées et donc précaires, les « Tanneries » sont un des trop rares exemples de projet qui a pu s'inscrire dans le long terme. Il est à ce titre devenu un espace ressource et un maillon important d'une scène culturelle et militante autonome en Europe. Les « Tanneries » offrent des outils pour s'engager, se confronter concrètement à ses idées et se réapproprier des savoirs faire. Les collectifs et individus impliqués dans le lieu cherchent à faire tomber les barrières entre la « vie personnelle » et le « monde politique », à autonomiser plus qu'à assister, à agir collectivement et directement sur ce qui nous opprime plutôt qu'à déléguer, à s'organiser sur des bases formelles horizontales plutôt qu'autoritaires et hiérarchisées. Les Tanneries remettent en cause les logiques marchandes et l'accumulation de biens pour prôner la propriété d'usage et les échanges solidaires. Elles cherchent à oeuvrer en direction d'une société qui ne soit plus fondée sur les rapports de profits et de domination, sur le racisme, le sexisme et l'homophobie. Les « Tanneries » ne se fantasment cependant pas comme un quelconque univers utopique « en-dehors » de cette société mais comme un processus qui se construit à tâtons sans prêt-à-porter idéologique... Les « Tanneries » ne se vivent pas comme une gentille alternative parallèle qui se construirait en ne bousculant pas trop les pouvoirs en place. Si cette expérience persiste, c'est afin de contribuer à une lutte globale pour que se multiplient des espaces autogérés et des foyers de contre-pouvoir. Si la Mairie de Dijon optait pour la disparition des « Tanneries », elle s'engagerait ainsi avec le Parti Socialiste, dans le sens d'une France sécuritaire, aseptisée et privée de ses lieux de résistance, d'expérimentation et de culture populaire. Sincèrement, en soutien à l'Espace Autogéré des Tanneries